Les temps de crise – de krisis, « action ou faculté de choisir » – semblent propices à l'émergence de processus de sélection, d'évaluation et de réappréciation de l'héritage culturel. La récente crise du Covid 19 a souligné que non seulement la cohésion sociale de nos sociétés européennes modernes subit des effets directs d'une telle période d'instabilité et d'incertitude, accompagnée d'un accroissement des disparités fiscales et économiques et d'une montée du populisme national et de priorisation d'intérêts nationaux. Elle a montré encore que les dynamiques identitaires qui s'ensuivent impactent également le patrimoine ou, plus spécifiquement, le regard que nous portons sur celui-ci et l'usage que nous en faisons. S'intéressant plus généralement aux différentes crises (sanitaire, climatique, financière, migratoire, etc.) qui se répercutent sur l'espace européen, ce livre interroge les manières dont les sociétés revalorisent et s'approprient autrement leur héritage culturel, soit dans un contexte régional ou national. Dans une perspective résolument interdisciplinaire et transnationale, les différentes contributions abordent tantôt des phénomènes appartenant au patrimoine immatériel (pratiques sociales, événements festifs ou rituels, langages, etc.), tantôt le patrimoine matériel (monuments, oeuvres d'art, espaces urbains, etc.) et ses recontextualisations et réappropriations dans le cadre de guerres, de déplacements de frontières ou de populations.